• Volcanique

    Lunes 22 : Réveil matinal ce matin, effet sans doute du décalage horaire tout autant que de l'excitation à l'idée de la journée à venir. Nous prenons à l'hôtel notre petit déjeuner, copieux et servi par le gérant lui-même, Carlos. Un vrai petit déjeuner... Je passe ensuite un peu de temps à régler quelques détails logistiques côté finances : isolée, l'ile n'a pas un système de paiement par carte très développé et fiable, et le retrait à un distributeur s'avère chaotique. Mais que voulez vous, on ne peut pas vouloir visiter un coin de terre isolé du monde et protégé du tourisme de masse, et en même temps vouloir rester connecté au monde "réel". Et mon choix est tout fait!
    Détails techniques résolus, nous voila partis pour une petite ballade toute la matinée, avec le propriétaire de l'hôtel, un monsieur Rapa Nui d'un certain âge. Au programme, la partie sud de l'ile comme je le contais hier.
    Nous sommes à peine sortie d'Hanga Roa, que nous effectuons un premier arrêt, sur un lieu où la vue sur la mer et sur le volcan  Rano Kau est plutôt jolie. Mais ce n'est pas cette vue qui motive l'arrêt. En effet, en contrebas de la falaise que nous surplombons, se dissimule une petite grotte ouvrant sur la mer. La grotte, Ana Kai Tangata a la particularité d'abriter quelques peintures "rupestres", en particulier de l'homme-oiseau due au culte de Tangata Manu, culte débutant au 17ème siècle, postérieur à la période d'érection des moais (16ème et avant). La grotte est superbe, avec vue sur la mer. Un lieu sympa pour les Rapa Nuis de l'époque. Un lieu malheureusement à la merci du vent et surtout de la mer qui, inexorablement, détruit les traces du passage humain ici. Il ne reste plus grand chose des peintures et sans doute dans quelques années la mer aura tout avalé... Une vrai peine.
    Nous remontons alors la courte falaise et prenons la direction du volcan Rano Kau, le plus ancien et le plus au sud. Quelques 2,5 millions d'années nous contemplent si vous me permettez cet emprunt à un personnage ma foi peu recommandable. Après avoir acquitté le droit d'entrée du parc, nous prenons la route vers le cratère de ce monstre de feu, désormais en sommeil. A mi-hauteur, nous pouvons déjà contempler presque toute l'ile. La vue est magnifique, même si quelques nuages troublent très légèrement le panorama. Un peu plus haut, nous atteignons le bord du cratère. Et là, la vue est tout bonnement spectaculaire. Un cercle presque parfait se dessine sous nos yeux. Nos regards plongent au fond de cette immense cuvette aux parois recouvertes de végétation et au fond rempli d'un mélange d'eau de de végétation. Magnifique, stupéfiant, magique... Là, un premier pétroglyophe s'offre à nous. Une gravure de l'homme oiseau. Du moins la gravure s'offre à qui la contemple : à mes pieds j'ai réussi à la rater; je la verrai finalement en redescendant.
    Nous avançons encore pour pénétrer un site scotché au cratère, à l'extérieur de ce dernier. Il s'agit de l'ancien village d'Orongo, non habité en permanence à l'époque, mais servant de lieu de cérémonies quelques jours dans l'année. Ici pas de moais. Le site date d'une époque postérieur à celle de la construction intensive d'hommes de pierre. Nous sommes en pleine période du culte du dieu Make-Make et de l'homme-oiseau (Tangata Manu). De nombreux pétroglyphes témoignent de cette période post-moais. Sur le village, ne reste qu'une maison dans son état lors de la découverte du site, les autres étant reconstituées. En contrebas, nous avons une vue plongeante, c'est le mot, sur trois ilots: "Motu Kao Kao", "Motu Iti" et "Motu Nui". Le spectacle est magique là encore; la vue vertigineuse sur les eaux turquoises s'écrasant sur ces rochers est exceptionnelle. Mais quel lien y a-t-il avec "l'homme oiseau"? Carlos (le gérant de l'hôtel), Rapa Nui, nous l'expliquera en détail le soir. Sur ces fameux ilots, viennent nicher une fois dans l'année des oiseaux migrateurs (des sternes). A lieu alors tout un cérémoniel entre un homme de chaque tribu (ou clan familial; on parle de 10 tribus de 100 à 200 personnes). Le rite consiste à descendre la falaise, à mains nus cela va de soi, puis à nager jusque sur les ilots. Charge alors à chacun d'eux de ramasser un oeuf, de le poser sur la tête, puis de le ramener au village sans le briser. Le vainqueur était désigné homme-oiseau (Tangata Manu), homme fort de l'ile une année durant, son chef devenant le chef de l'ile.
    Après ces découvertes quelque peu mystérieuses, autant que le spectacle nature fut envoutant, nous redescendons les flancs de la montagne "sacrée". Quelques petits kilomètres nous amènent alors en bord de mer, tout proche de l'aéroport, sur le site de  d'Hanga Vinapu. Là, se dresse l'ahû Tahira. Il s'agit en fait de deux ahûs proches l'un de l'autre, chacun comportant une série de moais couchés. Encore... Comme tous, ils tournaient le dos à l'océan. Pourquoi tant de moais, pourquoi dos à la mer? Pourquoi couchés? Le soir, Carlos, nous explique que lors du décès d'un chef de tribu, le "prêtre" du clan commandait un moai spécifiant des dimensions. Celui-ci était taillé au nord de l'ile, sur le volcan Rano Raraku, avant d'être amené sur le lieu de la sépulture. Seules les finitions étaient faites sur place. Comment était-il déplacé? Mystère. Une théorie soutient la thèse de rondeaux de bois et un déplacement couché. Une autre, celle d'un déplacement vertical, par petites rotations, la base des moais étant légèrement arrondie. Cette dernière corrobore la transmission orale disant que le moai "marche" vers le lieu de la sépulture. Pendant la taille, la tribu (ou toutes?) était chargée de nourrir le "sage" ainsi que les tailleurs. Tous les moais ne portaient pas le pukao, mais par contre tous (à une exception), tournaient le dos à la mer. Une des théories est qu'ils protégeaient le défunt du mal venu de la mer. A Vinapu, la malchance semble nous attraper. Il pleut, alors que le temps était si beau jusqu'à présent. Mais il ne s'agit que d'un grain passager, et nous reprenons assez vite notre route. En passant, sur un des ahûs, je suis frappé par le muret dont les pierres taillées s'emboitent parfaitement. Un vrai mur... incas! Une des théories fait état d'un peuplement en partie inca (qui correspondrait aux "courtes oreilles" dans la transmission orale de l'histoire); ceux-ci seraient venue en petit nombre, sans femmes, si bien que par mélange à la population locale (les "grandes oreilles") il ne subsisterait plus de caractéristiques morphologiques sur les descendants. Cette théorie est très peu étayée et très peu admise par les spécialistes. Les grandes oreilles désigneraient certains clans, aux oreilles allongées par des boucles d'oreilles, contrairement aux courtes oreilles. Il n'empêche que la structure du mur que me fait face me trouble vraiment. Comme ceux vus à Cusco.
    C'est là que se termine notre première demi-journée de visite. Nous avons visité peu de sites en apparence, mais d'une richesse incroyable pour un si petit morceau de l'ile, si petite elle aussi. Nous rentrons manger sur Hanga Roa -pique-niquer en bord de mer plutôt-, avant de terminer la journée dans une des "piscines" naturelles repérées hier. Naturelle, si, en dépit des apparences. Si la partie côtière a été renforcée artificiellement, c'est bien les coulées de lave "millionnaire" qui protègent le bassin de la fureur de la mer. Nous terminons le bout du bout de la journée de retour sur les premiers sites explorés, là, tout près de la ville (voir billet "au milieu de nulle part"), et un peu plus loin. Sur le pseudo-sentier qui longe la côte, je ramasse quelques morceaux de verre naturel, l'oxidiane, verre noir formé par le volcan, pour le montrer aux garçons. Je ne sais pas encore que nous en ramasserons des kilos. Sur le retour, nous captons les derniers instants lumineux sur l'ile; le coucher de soleil est moins joli qu'hier, mais la lumière rasante met en exergue le contraste entre la mer, turquoise par endroits, et les vastes zones verdoyantes à ses pieds, le tout sur fond orangé-rosâtre.
    Ce soir, repas express à l'hôtel où nous faisons un peu de cuisine dans la pièce spécialement dédiée. La pluie a encore décidé d'arroser l'ile. A 22h30, lessivés -pas par la pluie, vous avez compris-, nous filons nous coucher. Pas même un instant consacré à l'écriture du blog... Mais rassurez vous, tout est intact dans nos têtes (vous avez pu le constater).

     

    Hanga Roa au lever du soleil

    Volcanique Volcanique

    Ahû Tahai avec les premiers rayons du soleil

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    La flore qui se réveille

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     Ranu Kau et descente sur la grotte Ana Kai Tangata

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     Grotte Ana Kai Tangata et ses peintures

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     Remontée (tient, un avion LAN arrive)

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     A mi-hauteur du Ranu Kau

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    Le Ranu Kau, magestueux

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    Orongo et ilots Kao Kao, Iti et Nui

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    Quelques pétroglyphes

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    le cratère, vu d'Orongo

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     Vestiges cérémoniels

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     L'homme oiseau, en redesendant

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     Ahû Tahira (Hanga Vinapu)

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    Murs inca?

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     Retour à Hanga Roa et son bord de mer

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    Volcanique Volcanique Volcanique

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       Volcanique Volcanique Volcanique

    Ahû Tahai

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    Volcanique Volcanique Volcanique

    Roche volcanique

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    Illusion... ce n'est que de l'eau... froide

    Volcanique Volcanique Volcanique

    Dernières lueurs

    Volcanique Volcanique Volcanique

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    Volcanique Volcanique

    Volcanique Volcanique Volcanique

    Tahai et son ombre...

    Volcanique

    Epuisé...

     Volcanique

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