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Bonjour Chiloe
Viernes 20: L'aventure continue... Ce matin, j'avoue que je haie un peu mon réveil. J'ai demandé à déjeuner à 7h30 et au son du portable je regrette immédiatement. Je traine une dizaine de minutes avant de me lever, puis de me doucher. Contrairement à hier soir, l'eau est chaude ce matin et j'en profite. Je descends assez vite prendre un petit déjeuner un peu plus complet que ces derniers jours, même s'il n'atteint pas des sommets. Je profite ensuite de l'heure matinale pour faire un rapide tour dans Puerto Montt, malgré les quelques gouttes de pluie. A part son front de mer, la place des Armes et les quelques façades allemandes, il n'y a pas grand chose à visiter, mais cela suffit à me prendre une petite heure. Il faut dire que j'ai observé d'un oeil amusé les cueilleurs et mouettes se partager les coquillages piégés par la marée descendante et qui tentent d'échapper aux prédateurs -à mains ou à ailes- en s'enfouissant dans le sable. Peine perdue. Il est tout aussi amusant de voir les techniques des mouettes pour avaler les malheureux qui se font attraper. Trouver un coquillage n'est pas tout, encore faut-il le casser. La technique? Lâcher le coquillage depuis une hauteur importante. Il n'y a alors qu'à se poser pour déguster le mollusque. 9h, je prends enfin la direction de Tagua, dernier bout de continent avant Chiloe. La pluie m'a un peu gâché le trajet, mais elle semble avoir cessé à présent. J'ai un peu de temps et je fais un rapide tour de front de mer, avant d'embarquer en voiture dans le bac.
La traversée du petit bras de mer est sympa. Il faut environ 1/2 heure pour se retrouver sur un des petits bouts de terre détachés du Chili. Oui, Chiloe est une ile, et non une jolie chilienne rencontrée ici. Jolie, elle l'est assurément par contre, je vais vite le voir.
Première étape: Ancud, la ville au nord. Pour l'atteindre, il me faut parcourir une grosse vingtaine de kilomètres sous une météo capricieuse. Tantôt le soleil brille, tantôt il pleut tant et plus. Je profite des accalmies pour capturer le paysage qui se déroule sous mes yeux, entre collines verdoyantes et côte sauvage.
Et c'est malheureusement sous une pluie battante que j'atteins Ancud, un peu après midi. Je patiente de longue minutes dans la voiture quand le ciel se décide enfin de se calmer. Il pleuvote, mais il n'y a plus de quoi me retenir prisonnier. Ancud est une ville sans charme extravagant, mais elle aussi offre de beaux panoramas sur la côte pacifique. Côté architectural, il faut quand même noter que la ville exhibe un grand nombre de maisons Chilotes typiques, faite de "tuiles" en bois et donnant l'air d'une peau de poisson avec ses écailles. Certaines sont en bois brut quand d'autres affichent plus de coloris. L'ensemble n'est pas vilain, surtout vu de loin. Sa cathédrale par contre tranche un peu avec l'ensemble. Après avoir déambulé dans les ruelles, je visite le petit musée de la ville -musée d'objets locaux, antiques et plus récents- et monte aux fortifications. Ancud était une ville stratégique pour les espagnol, point de départ vers le cap Horn, d'où la nécessité de la protéger. Je m'offre des hauteurs un dernier panorama sur la ville et sa baie splendide, et je continue ma route vers le nord, le long de la côte.
Cette fois, la pluie a décidé de nous laisser en paix et c'est sous le soleil que je découvre les multiples anses et recoins du nord. Ils sont peuplés de pêcheurs et là encore défilent les maisons typiques, les chapelles elles aussi construites en écailles de bois, les lagunes miroirs parfaits... Au nord, je passe par Quetalmahue, face au pacifique rugissant et magnifique, mais je vais surtout vers el mar Brava et les islotes de Puñihuile. Là, la côte est sauvage et exceptionnel, en particulier avec le soleil magnifique qui m'accueille. Face à la baie, plusieurs ilets semblent nous narguer. Ils sont si proches et pourtant interdits d'accès. Ici nichent deux espèces de pingouins, ainsi qu'une multitude d'oiseaux. Si l'accès est interdit, on peut s'en approcher et bien entendu des pêcheurs -ayant ouvert leurs "agences"- proposent des courts tours en bateaux. Sans hésiter je me laisse tenter et porté par les vagues, ou plutôt secoué par les vagues, je vais admirer la faune d'un peu plus près, mais pas trop pour ne pas la perturber. La période n'est pas optimale car les pingouins viennent ici uniquement pour se reproduire et la saison commence à peine. J'ai quand même la chance d'en apercevoir quelques uns. Mais je ne regrette pas car en dehors des pingouins, de nombreux oiseaux habitent ces ilots: cormorans, mouettes, oies et canards indigènes, pélicans. Je verrai même une sorte de castor et une loutre! La navigation achevée, je m'offre une grimpette sur la falaise et admire l'ensemble de haut. Encore une merveille de la nature. Et il y en a d'autres.
Je quitte à présent Puñihuile, direction Castro. La pluie refait son apparition, entrecoupée de périodes de grand soleil. Quand je dis direction Castro, c'est ma destination finale. Car j'ai prévu de faire de nombreux crochets, en plus de mes multiples arrêts en cours de route. Comment ne pas s'arrêter prendre le superbe arc-en-ciel qui s'est formé juste au dessus du pacifique? Je roule quand même presque d'une traite jusqu'à Degan, où, à ma grande surprise, je me fais arrêter à un contrôle de police. Rien de spécial en apparence, il prendre juste mes papiers et vérifie que tout est en règle. Il note les données sur son bloc et me laisse filer...
C'est précisément là que je bifurque pour m'écarter de la route principale. Je descends angoissé jusqu'à Quimche, petit port de pêche sur la zone est de l'ile. Face au continent donc. Angoissé par la raison de mon contrôle, mais surtout par le niveau de carburant dans la voiture. Happé par la visite, j'ai oublié de contrôler la jauge. Heureusement, à Quimche, là où je vais, il n'y a pas que du poisson... Les pleins effectués -voiture, cellules mémoires de tous types-, je longe la côte sur plusieurs dizaines de kilomètres.
La route se transforme assez vite en chemin de ripio, puis de terre, monte, descend, tourniquotte, à m'en faire trembler et tourner la tête. 30km/h de moyenne avec des pointes à 50. Imaginez. Mais les secousses valent la peine car ces mêmes décors entre vallons et mer défilent inlassablement. Au bout des montagnes russes, j'arrive enfin à Tenaún. Le village compte quelques dizaines de maisons, pas plus. Il semble perdu ou bout du monde, face à la mer. J'y suis venu pour son église classée au patrimoine mondiale de l'unesco en 2000. Elle est assez jolie, et elle aussi typique de Chiloe. Le clou du spectacle est ailleurs quand j'arrive. Il est déjà tard et j'ai la chance d'admirer un splendide coucher de soleil sur le pacifique. Certes, il n'est pas face à moi, mais ce repli sur la bordure... Est... me permet tout de même d'en voir un bout. Bleu et orange se marient décidément bien.
C'est finalement de nuit que je fais le chemin vers Dalcahue; 30km de terre. J'avoue que si j'ai profité pleinement de la journée, marchant près 3h cumulés et avec presque une heure de bateau, j'ai hâte d'arriver à Castro.
Enfin, au bout de l'enfer, l'asphalte réapparait. J'ai rarement tant apprécié ce dérivé du satané pétrole qui pollue tant... ne serait-ce qu'à travers ma voiture de location...
J'arrive à Castro à 21h et trouve une chambre sans soucis. Il y a peu de touristes ici, mais l'hostel accueille parmi eux une... française! C'est une étudiante rennaise qui est à Valpariso pour un an d'étude - la chanceuse :-) -. Lucile. Je discute un long moment avec elle, puis file me restaurer un peu, profitant pour... mettre en boite l'étonnante Eglise San Francisco de la ville. Elle aussi est en bois mais... toute jaune. De loin, on dirait qu'elle est recouverte de carton de décoration, et l'éclairage ajoute à l'impression de décor de carton-pâte. La visite plus complète je la réserve pour demain matin. Je fatigue trop pour trainer dehors si tard.Un peu de géographie
Puerto Montt: les traces de la colonisation allemande
Place des Armes et cathédrale
L'île Tenglo, en face
Marée basse
"Frente al mar"
En route pour Taguay et Chiloe
Depuis le bac qui me posera sur Chiloe
En arrivant sur l'île de Chiloe
Premiers paysages, au nord
Arrivée sur Ancud
Ancud et sa cathédrale
Musée d'Ancud
La baie et ses mouettes
Architecture Chilote
Depuis le fort d'Ancud
En allant vers le nord-ouest et Caipulli
Reflets
Cormoran
Quetalmahue
Algues servant à l'enrobage des suchi (si si); bon appétit!
En allant vers el Mar Brava et Puñihuil
Puñihuil et ses islotes
Habitants des islotes (pingüin, canards chilotes, loutres, pelicans...)
Retour sur terre, prenant de la hauteur
Retour vers Ancud
Arcoiris
Ntra Sra de Lourdes - Degan (Ancud) et en route
Quimche
Arrivée sur Tenaún et son église
Castro: Cathédral San Francisco, de nuit
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