• Una pesadilla

    Martes 2 y miércoles 3 de abril : Je n'avais pas spécialement prévu de faire de page spécifique ni pour mardi et mercredi, dans une logique "voyage = rien à dire". In fine, c'est tout le contraire! Deux jours de cauchemar, la faute à Chac -dieu de la pluie chez les Mayas (voir anciens blogs)-. Si nous avons eu un orage de grêle samedi soir à Mendoza, Buenos Aires a eu ses perturbations météo dans la nuit de lundi à mardi. En quoi cela nous concerne? Voyons cela de plus près et revenons à mardi matin.
    Comme prévu, nous quittons l'hôtel et trouvons sans mal un taxi qui nous dépose à l'aéroport. Nous sommes un peu en avance, le guichet d'aerolineas n'étant pas ouvert. L'attente sera courte... pour enregistrer. Tout se déroule sans encombres... croyons nous. Nous prenons le temps d'attente -1h30- pour déjeuner un petit peu en attendant l'embarquement. Déjeuner sommaire car nous savons que nous aurons un en-cas dans l'avion.
    8h, heure d'embarquer, ça vire au gris. L'écran indique que le vol est retardé, sans plus de précision. Le temps passe, et vire à l'ora(n)ge : 9h nous apprenons que le vol est carrément annulé, sans plus de précision. Va s'en suivre un long calvaire. 45 minutes de queue pour en savoir plus sur la "reprogrammation" prévue ou non par aerolineas. "Hay vuelos miércoles por la tarde. Antes no queda ningún asiento. No sabemos si queda algo miércoles. Lo mas probable sería jueves". Avec la question qui tue "tenés una solución en Mendoza por la noche?". En effet... "el problema viene del tiempo; hubo una tormenta en Buenos Aires y los aviones no pudieron despegar; no esta de la culpa de aerolineas, así que no tenga la obligación de hacer algo por el alojamiento o la comida". Fermez le ban, il n'y a rien à faire de plus. "Désolé" (en français dans le texte). Nous sommes un peu désespérés, mais au moins a-t-elle été plus aimable que son collègue qui nous a lâché "estan 80 peronas así" (80, mais pas autant avec deux enfants; même s'il y en a c'est sûr). C'est tout juste s'il ne nous a pas enguirlandé, tout comme les autres. Bref, on nous conseille d'attendre car la compagnie affrète parfois un avion en remplacement. Zen, nous attendons, comme beaucoup d'autres.
    Mais que nenni et 45 minutes plus tard nous décidons que ce n'est pas la peine d'attendre dans le vide, au risque de ne rien avoir pour mercredi à coup sûr, et d'avoir plus de mal à trouver un hôtel. Cette fois c'est 2h de queues qui m'attendent. 3 vols ont été supprimés donc forcément le temps vire à la tempête; le drapeau rouge est sorti. Au bout d'un moment, nous apprenons qu'un bus sera finalement affrété, par bonté de la compagnie "A pesar de que este un problema de tiempo y no de la compañía, aerolineas decidio de pedir un micro" -je cite. Pas question de quitter la queue. Trop d'informations contradictoires circulent; impossible de décrypter le crachoti qui sort du haut-parleur -une argentine derrière moi n'a pas compris plus de mots que moi-; et avec les deux enfants survoltés je ne veux prendre aucun risque. Epuisé, Emelun finit par sombrer dans les bras de Géraldine. Heureusement un agent nous voit et nous passons en "priorité" si je puis dire. Priorité de ce qui reste de la queue devant nous. Après discussion avec une hôtesse, quelques remarques plaintives, nous optons pour prendre le bus : nous avons en effet le choix entre cette option ou avoir un vol mercredi soir. Nous pensons que ça serait trop la galère mercredi soir à Buenos Aires pour rentrer et que cela nous ferait arriver tard mercredi soir. Même en arrivant dans la nuit de mardi à mercredi nous aurons moins de soucis et au moins aurons le mercredi entier pour récupérer... Pensons nous. Dans sa grande bonté, la compagnie signale au passagers du micro que leur billet reste valide un an, et ouvert pour n'importe quelle vol en Argentine. A suivre de près quand même.
    14h, départ du bus sans soucis, à l'heure prévue. L'heure prévu du bus bien sûr, car nous avons déjà 5h de retard. Selon le plan de départ nous serions déjà au café à la maison. Mais au moins partons nous... Et c'est 12 à 13h de trajet qui nous attendent, dans un bus semi-cama, pas tout à fait du confort de ceux qui nous avions pris pour aller à Córdoba, puis à Mendoza. De toute façon nous aurions voyagé même sans sièges inclinables. Juste avant le départ je file chercher de l'eau car me rends compte qu'il n'y en a pas dans le bus (en principe il y en a toujours). Déjeuner pas prévu non plus. Après tout il est 14h... Nous sautons donc ce repas mais les enfants grignotent les chips et autres gâteaux salés achetés pour eux, au cas où. Les enfants restent difficiles à canaliser. Les batteries des divers appareils se déchargeant peu à peu, nous ne pouvons même pas les dévier de leurs disputes. Nous comprenons leur état de stress et de fatigue, mais vu le notre, cela est difficilement supportable. Pendant la partie diurne du trajet nous observons le changement de décors progressif : nous quittons la zone montagneuse pour plusieurs heures de route à travers des vastes plaines de champs céréaliers ou d'herbe grasse pour nourrir les vaches qui les foulent. Pas de doute, nous sommes dans la pampa à présent, et passerons même dans l'état du même nom. Finalement, vers 18h30 presque tout le monde sombre complètement, et cela jusque vers 22h, heure d'une pause. Nous laissons les enfants dormir et descendons dans l'intention d'acheter à manger. Il n'y a pas grand chose à emporter et nous sommes sur le point de nous résigner à prendre des... chips quand l'on nous signale que c'est la pause repas (nous n'avions pas vu les tablées). Nous hésitons tout de même à réveiller les enfants, mais un vrai repas est mieux que ces trucs salés qui croustillent. Patates grillées et poulet grillé au menu. Nous mangeons bien, tous les 4, dans tous les sens du terme. La fin du voyage est sans encombre. Emelun dort sur moi, sans trop bouger, ce qui me permet de somnoler plutôt pas mal. Nous voila enfin à la capitale. Le bus a atterri directement à Aeroparque, l'aéroport de la ville, comme prévu (l'aéroport, pas le bus enfin!).
    Il est 4h du matin et j'hésite à demander s'il y a une Tienda Leon qui pourrait nous poser directement sur Gonnet. Trop incertain et couteux, nous prenons un taxi pour le terminal de bus, comme prévu. Là, nous avons un premier coup de chaud. On nous informe que le premier bus ne part qu'à 8h. Le premier confort en tout cas. Nous sortons attraper ceux que nous prenons usuellement et par chance il y en a un qui arrive rapidement. C'est le premier de la journée. Le temps s'éclaircit pensons nous. Mais nous déchantons vite : impossible de passer par centenario : la route est coupée pour raisons d'inondations. Le chauffeur nous dit qu'il verra en arrivant sur cette zone s'il peut continuer ou s'il doit passer passer par l'autoroute. Raté pour nous, pas d'autre choix que de passer par La Plata même.
    6h, La Plata. Ca ne s'arrange pas. Voila presque 24h que nous avons quitté l'hôtel de Mendoza, et nous ne sommes pas encore rentrés. C'est le moins que l'on puisse dire. Aucun bus ne passe par Gonnet, ni taxi, ni même le train. 1m50 d'eau barrent la route disent-ils; rien ne passe. Je suis assez inquiet quand à l'état de la maison. Il parait que les platense n'ont jamais vu une telle quantité d'eau tomber en si peu de temps, ni de telles trombes dans les rues. Apparemment il y a même eu quelques morts selon les rares informations que nous avons. Contrairement au conseil d'un chauffeur de taxi, nous ne voulons pas attendre au terminal, dehors, et filons sur la fac. Le temps de me rendre compte que je n'en ai pas les clés. Pourquoi les aurais-je d'ailleurs. Le temps passe et je SMS à tout va. Impossible d'avoir la moindre information, ce qui accroit notre stress. Nous retournons vers le centre prendre un café et passer le temps. Nous en trouvons un ouvert, un des rares ayant un groupe électrogène. C'est qu'il n'y a plus d'électricité, ce dont nous nous doutions en arrivant car la ville était plongée dans un noir presque total. Au café, mon portable décide que la goutte d'énergie restante n'est plus suffisante pour qu'il reste allumé. Jusqu'au bout ça doit se corser. Pour tenter d'avoir des informations ça se complique franchement. Je re-SMS quand même avec les quelques pourcents de batteries de celui de Géraldine, pendant que je recharge le mien... vidant en contrepatrie la batterie de mon MAC. Nous tentons notre chance encore et encore avec les bus qui circulent, ou les rares taxis pas encore pris d'assaut. Un couple nous voit même chercher dans le vide, la mine fatigué et nous propose spontanément de nous héberger. Ils n'ont ni eau ni électricité, comme dans une grande partie de la ville, mais nous serons au chaud et pourrons dormir. Vraiment exceptionnels. Nous refusons cette gentillesse mais prenons leur coordonnées. Au cas où. Nous filons nous renseigner sur la situation et sur les hôtels à l'office du tourisme qui est... fermé. C'est un peu le chaos, bien que nous n'en ayons pas l'impression ici. C'est en périphérie que tout se passe en fait. Nous nous renseignons au théâtre juste à côté; ils nous envoient sur le journal El Día : les journalistes ont toujours des nouvelles fraîches. Raté... Au contraire ce sont eux qui posent des questions et prennent même des photos. Je crois que nous nous sommes fait "engañar" sur ce coup. Ou du moins c'est Géraldine qui le dit et elle est très certainement raison. Même si je pense qu'ils auront autre chose à se mettre sus la dent que les tribulations de 4 malheureux français. J'espère qu'ils ne seront pas malhonnêtes, tous journalistes qu'ils sont... Retour au centre, nous décidons de réserver un hôtel. En attendant, on mange où on peut, à savoir chez le clown au grandes chussures de chez l'oncle Sam. Les américains ont des sous : groupe électrogène, eau, internet! Le luxe. Les enfants sont de plus en plus excités et agressifs. Je ne sais pas comment nous ne les avons pas encore étripés. Au McDo, contrairement à mes espoirs, je n'arrive ni à me connecter, ni a téléphoner, ni à recevoir des appels. Juste des SMS dont un de... Daniela la voisine-propriétaire. Jorge va venir nous chercher. Les voitures passeraient-elles enfin jusque vers Gonnet?
    15h10: nous quittons enfin La Plata. L'inondation ne concerne pas tout centenario, mais un tronçon. Jorge me dit même que ça va à Gonnet. En fait, à la sortie de La Plata la route descend, puis remonte passé Tolosa, la bourgade qui suit La Plata. Il en est ainsi tout autour de la ville. En quelques heures il a plus autant qu'en un an et des trombes d'eau ont déferlés vers cette tranchée naturelle. L'eau est très vite montée, jusqu'à 1m50. Les traces sur les murs témoignent de l'intensité du désastre. En passant nous trouvons encore les traces visibles du chaos. Je no'se imaginer l'intérieur des maisons. Pas mal de voiture de la sécurité, de pompiers, de secouristes ou militaires travaillent d'arrache pied sur les zones les plus touchées. A la sortie de La Plata, sur la calle 32, nous observons médudé encore quelques voitures rangées mode château de carte; plus loin, d'autres véhicules en mode mikado cette fois, ou des micros perpendiculaires et à cheval sur le terre-plein central. Un mur d'eau a littéralement soulevé les voitures. A présent, la circulation est rétablie, au compte goutte. Les bus ne passent toujours pas, et nous ne voyons aucun taxi (à midi ça ne passait pas pour eux en tout cas). Nous apprenons que vers 13h30 les trains recommençaient à circuler. La ligne est 2m au dessus de la route et a peu été affectée. Nous nous sommes renseignés à 10h, mais plus après...
    15h45, nous arrivons enfin à la maison. Sur Gonnet, il y a assez peu de trace. Jorge nous montre la piscine à l'eau obscure. Elle s'est noirce par la retombée des cendres de l'incendie de la raffinerie de pétrole toute proche de la ville. Et oui, l'eau n'a pas suffit, il a fallu que le feu s'en mèle ailleurs. En tout cas, nous sommes heureux de pouvoir enfin nous poser et aller faire une sieste. Ma ç'eut été trop facile. 2cm d'eau ont décidé de nous rendre visite. Au rez de chaussée... car en haut il n'y a presque pas une goutte. Et pourtant le toit a été mis à rude épreuve. Le techista a donc fait du bon travail et nous n'osons même pas imaginer ce qu'aurait été l'état de la planta alta avec les fissures béantes. Bref, nous sortons tout ce qui est en bas -pas grand chose en fait- et nous raclons les 3 pièces inondées. Comme par provocation, le soleil brille de mille feux à présent. Au moins les quelques affaires humides sècheront vite.
    16h45 enfin au sec et au propre. Géraldine avait défait les sacs pendant que je maniais la raclette. Bref, épuisé, autant physiquement que mentalement, je décide de faire le tour de la repú, baskets aux pieds. Là bas on voit les traces de la tempête : les prés sont transformés en lacs et un mur de brique a même cédé sous la pression de l'eau. Le bitume est tout sec, mais porte encore les stigmates du passage des torrents de boue. Enfin vient le soir et un bon repas... à trois. Emelun n'a pas réussi à tenir jusqu'à 19h et nous ne nous voyons pas le réveiller. Demain enfin une journée tranquille en perspective. Les enfants auront école. Aujourd'hui ils n'ont rien raté : sur décision provinciale les écoles étaient fermées, ce dont nous nous doutions un peu.
    Finalement, si les deux jours ont été galères, nous sommes passés au travers du chaos. Ce dont nous prendrons conscience petit à petit. Le manque d'information, les heures à tourner en rond, dans le vide, sans arriver à communiquer ont paralysé toute lucidité, toute capacité de réflexion ou toute de prise de recul.

     

    Et c'est parti pour 14h de bus

    Una pesadilla

    Quelques paysages traversés

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    2cm

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    Una pesadilla Una pesadilla Una pesadilla

    Una pesadilla

     

    Quelques images du chaos trouvées ici où là sur le web

    Una pesadilla Una pesadilla Una pesadilla

    Quelques titres de presse

    Una pesadilla   Una pesadilla

    Pour en savoir plus, ici et ici par exemple ou en vidéo ici

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